Carnaval

 

Dans toute l’Europe, différentes fêtes, manifestations folkloriques et croyances s’échelonnent tout au long des mois de janvier et février pour atteindre un point culminant le Mardi-Gras. L’Alsace, comme bien d’autres régions, connaît durant cette période une multitude de coutumes populaires, des beignets traditionnels au lancement des disques enflammés.

Si aujourd’hui le terme de carnaval ne regroupe plus que les derniers jours de fête, la journée du Mardi-Gras en est l’apothéose et est personnifiée par un mannequin grotesque que l’on brûle ou qu’on enterre le jour du Mercredi des Cendres. Alors que le cycle de Noël est axé sur l’hiver, le cycle de carnaval est tourné vers le printemps dont il faut hâter la naissance. Bien intégrée dans le calendrier liturgique chrétien, la période de carnaval démarre donc le jour des Rois (Épiphanie) pour prendre fin le premier jour du Carême (Mercredi des Cendres). Cette période est réservée aux divertissements.

Le Carnaval vient marquer la dernière lune d’hiver, souvent symbolisée par une crêpe. Trouée celle-ci devient masque…

En Alsace, au Moyen-Age, on parlait déjà des antiques traditions du Carnaval où ce dernier était synonyme de « jour des beignets », jours de grands festins où le vin coulait à flots.

Le Mardi-Gras est un jour gras pendant lequel l’Église catholique permet à ses fidèles de consommer de la viande. On sacrifiait les cochons et on faisait ripaille avant de serrer la ceinture pendant la sinistre période du Carême. Les débordements de Carnaval rappellent les traditions païennes des fêtes populaires des Romains et des Germains, qui commémoraient le retour du printemps par des banquets, des danses, des défilés et des déguisements. Les festivités de Carnaval débutent le samedi précédant le Mercredi des Cendres.

Lors de ces défilés les participants lançaient des confettis sur la foule venue souvent nombreuse. L’origine des confettis se trouve dans le pays niçois. Les confettis étaient des boulettes de plâtre qu’on lançaient au moment de Carnaval. Par la suite ces boulettes se transforment en bonbons (confetto en italien) et en petites pastilles de papier.

Les journées du Carnaval

La Herrefasenacht (Carnaval des Seigneurs ou « petit Carnaval ») se fêtait déjà au XVème siècle le dimanche avant le Mercredi des Cendres. Les prêtres distribuaient à leurs élèves des beignets, des hosties et du pain d’épice. Les notables des villes et des villages se réunissaient dans les auberges pour faire la fête : les convives se barbouillaient parfois le visage de suie, portaient quelquefois des masques de bois ou des bonnets de fous à grelot. Les danses, les festins se succédaient toute la nuit, copieusement arrosés de vin, la boisson du Carnaval.

D’après les anciennes chroniques, ce premier dimanche de festivités était parfois appelé Pfaffenfastnacht (Carnaval des moines) car dans les couvents et les abbayes, sévèrement liés aux règles strictes, on fêtait également Carnaval. On mangeait des beignets de toutes sortes et des pains d’épices.

Le lundi précédant le Mardi-Gras était surtout connu en Alsace sous le nom de Wiwerfasenacht (Carnaval des femmes). En effet, celles-ci s’octroyaient les privilèges réservés en temps normal aux hommes. Dans toutes les villes et villages d’Alsace, les femmes se rendaient fièrement dans les auberges en chantonnant. Cette tradition ne subsiste aujourd’hui que sous la forme de bals des « veuves joyeuses » où ce sont les femmes qui se réservent le droit d’inviter leurs cavaliers…

Le Mardi-Gras voyait les fous du carnaval déferler dans les rues. Le visage barbouillé de suie ou caché sous un masque de bois effrayant, les hommes couraient les rues frappant les femmes et les jeunes filles à coup de bâton ou de verges. Le Mercredi des Cendres est symbole de pénitence. Il symbolise aussi la dissolution du corps. Les Cendres sont obtenues en faisant brûler les linges d’autel, le buis bénit. Avec celles-ci le prêtre trace une croix sur le front des fidèles le premier jour du Carême. La Bürefasenacht (Carnaval des paysans) se fêtait quant à elle le premier dimanche de Carême et était réservée aux gens de la campagne. Ce jour-là, des montagnes de beignets couvraient les tables familiales mais aussi celles des auberges; chacun y puisant à sa guise. Ripailles et beuveries se succédaient dans les fermes.

De nombreuses bandes de jeunes plus ou moins pauvres se restauraient en allant de maison en maison pour quêter des beignets (ronds avec un trou au milieu) qu’ils enfilaient sur un bâton, en chantent des comptines.

La fin des festivités carnavalesques est marquée par les feux de carnaval.

Il existe deux traditions dans la région :

– la première, une des plus anciennes traditions d’Alsace, est appelée « Schïweschlawe » (lancement de disques enflammés). Encore beaucoup pratiquée ou début du siècle dans le Kochersberg, elle ne l’est plus aujourd’hui qu’à Offwiller en Basse-Alsace, où les arabesques incandescentes sillonnent le ciel hivernal et appellent le printemps. Le bûcher est allumé à la nuit tombante, après l’angélus. Les jeunes gens portent autour du cou un collier de disques en bois de hêtre, d’une dizaine de centimètre de diamètre (d’schïb ou d’schïwe). Dès que le feu diminue d’intensité ils piquent chaque disque avec une baguette souple de saule qu’ils plongent dans le bûcher. Dès que le bord mince du disque commence à brûler ils retirent la baguette des flammes, font vigoureusement quelques moulinets et frappent violemment une planche inclinée. Sous le choc le disque se détache et fend la nuit d’une lueur incandescente représentant de petits soleils.

– la deuxième est de faire un bûcher ou l’on brûlait les sorcières symbolisant le carnaval et qui hantaient les maisons tout l’hiver. Ces sorcières sont des mannequins de paille revêtus de vieux habits. Les plus jeunes étaient chargés de ramasser le bois dans les forêts afin que les conscrits puissent confectionner les bûchers, lancer les disques où brûler les sorcières. Ils se réunissaient autour des feux en chantant, dansant, sautant par dessus le feu.

Le lendemain les jeunes gens passaient dans les maisons du village en chantant des comptines pour recevoir une récompense car la communauté leur devait salaire pour le travail effectué. Le plus souvent, ils recevaient des beignets.

A Hoerdt, le premier cortège carnavalesque digne de ce nom eut lieu en 1925-26 dans le quartier du Ried. En 1936, le Carnaval connut son heure de gloire grâce à un char très remarqué: il présentait le paquebot « Normandie », le plus luxueux des transatlantiques de son époque qui avait été lancé en 1932. Après cette mémorable année, le carnaval connut quelques difficultés.

Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que le carnaval eut de nouveau des ailes. Le défilé de 1950, se mit en place spontanément, à l’initiative de groupes de copains.

Suite à cette cavalcade improvisée, quatre personnes bien inspirées mirent leurs idées en commun et décidèrent de structurer et de mettre en place un défilé digne de ce nom.

Ce défilé fut organisé dès 1951 d’une main de maître et en accord avec M. le Maire GLAAS par Messieurs Charles HENCHES, René MAECHLING, Georges SCHULTZ et Charles MISCHLER.

La première année (1951) :

Le comité sollicite les commerçants du village afin de couvrir les frais d’organisation mais aussi pour pouvoir récompenser tous les participants. Il obtient la participation des ensembles musicaux des brasseries Fischer, Schutzenberger, Adelshoffen et Météor.

Une trentaine de chars (tirés par des chevaux) et groupes participent à cette première édition avec la déjà traditionnelle « kutsch ». Les membres du comité vendent eux-mêmes les « striessle » aux spectateurs. La mise en place du Cortège se fait rue Heyler. Le jury est composé de 4 membres en plus du comité. Chaque membre du jury a pour consigne de passer seul afin de ne pas influencer les autres. Nos quatre organisateurs rapidement appelés « s’Narre comité » (le comité des fous) défilent en tête du cortège qui passe par la rue de la Gare – rue de la République – Petite Rue – rue de la Wantzenau.

Un seul tour est effectué et la remise des prix est faite devant la Mairie. La somme attribuée aux chars les mieux notés est de 50 (anciens) francs.

Le nom de « Herrefasenacht » est utilisé dès la première année car le défilé a lieu le Mardi-Gras, par opposition à la « Bürefasenacht » qui a lieu le dimanche suivant.

Deuxième cavalcade (1952) :

La démarche est restée la même avec comme membres du jury quatre personnes et quelques membres du conseil municipal. Un des chars est constitué d’une automobile tractant une remorque de laquelle sort un porcelet. Probablement en rapport avec le marché aux porcelets qui avait encore lieu à l’époque.

Renouvellement du « Comité des Fous » au début des années 1960 :

Après le retrait pour raisons professionnelles de M. Charles HENCHES et les décès de M. Georges SCHULTZ et M. Charles MISCHLER, le comité est composé de M. René MAECHLING, le dernier des membres fondateurs, et de Messieurs Albert HOSCHSTETTER, Michel HEITZ et Albert DAUER qui viennent renforcer le groupe.

Le comité restera ainsi composé jusqu’en 1985, quand M. René MAECHLING décède quelques semaines après sa 35ème cavalcade. Il était le dernier des membres fondateurs. Il en était le principal meneur mais aussi, le boute-en-train.

En octobre 1996, les « Fasenachts Narre » font part de leur intention d’organiser la cavalcade 97 le dimanche précédant Mardi-Gras. En effet, le risque financier leur semble trop important quand cette journée n’est pas comprise dans les congés scolaires, ce qui sera le cas en 1997. Cela n’est pas possible car trop perturbateur des festivités locales. Traditionnellement, le dimanche après-midi est réservé à l’organisation du carnaval des enfants au Centre Culturel par le Disco-Club. Cette après-midi est attendue avec impatience par les enfants de la commune. Dans la séance du Conseil Municipal du mois de novembre 1996, M. Albert HOECHSTETTER fait part de l’intention du comité carnavalesque de ne plus organiser de parade vu les risques trop importants auxquels celui-ci est confronté.

Le vendredi 13 décembre 1996 se crée une nouvelle association carnavalesque à l’initiative de M. René WOLFHUGEL, afin de ne pas voir disparaître une tradition presque cinquantenaire. Ainsi est née « L’Association Carnavalesque Herrefasenacht » de Hoerdt.

Le site du Carnaval de Hoerdt