Au lendemain de l'introduction du christianisme en Alsace, il fut d'usage de construire des églises aux carrefours des routes, afin de pouvoir desservir plusieurs communautés villageoises. C'est la naissance des "Feldkirchen" (églises des champs), comme celle qu'on pouvait trouver entre Hoerdt et Weyersheim, à l'emplacement de l'actuel cimetière. Elle se trouvait en-dehors de l'agglomération, sur le "Heidenbuckel", au lieu-dit "in Bruders Garten". Dédié à Saint Sixtus, cet ancien sanctuaire fut un lieu de pèlerinage, très fréquenté encore par des pèlerins de Marienthal après l'introduction de la Réforme.
Le 24 mars 1570, les Hoertois purent mettre en pratique les idées de Luther qui avaient déjà des adeptes dès 1533. Le pasteur Mathias Zimmer, qui remplaça en 1570 le premier pasteur du lieu et resta en fonction jusqu'en 1603, avait milité en faveur de la construction d'une église dans le village. La paroisse fut autorisée en 1604 à aménager la maison communale (Laube) pour en faire une école au rez-de-chaussée et un oratoire au premier étage.
En 1686, la règle du simultaneum obligea protestants et catholiques à utiliser la même église. L'ancienne "Feldkirche", très endommagée au lendemain de la guerre de Trente Ans, fut démolie et reconstruite en 1761.
En 1845, la commune de Hoerdt entreprit, avec l'aide de l'Evêché et du Conseil de fabrique de Brumath, la construction de deux églises dans le village, l'une protestante, l'autre catholique. Pour financer partiellement ces dépenses, la Commune a mis en vente 280 lots du Mittelried, terre acide et noire située à l'est du village.
L'église protestante (rue de la Wantzenau), inaugurée le 2 avril 1848, acquit son allure actuelle en 1960. Les vitraux de la nef représentent respectivement : la résurrection, la rose de Luther, Luther, Bucer, Zwingli, Calvin, la parole de Dieu, la prière, le baptême, la Sainte Cène.
La terre noire de Hoerdt a inspiré l'oeuvre d'art "Couronne et jardin" réalisée par Annie Greiner et installée dans l'église en 1998 en face du remarquable orgue Stiehr de 1847. L'augmentation importante du nombre de familles protestantes établies à Weyersheim au cours de ces dernières décennies a amené le conseil presbytéral à ajouter le nom de cette commune à l'intitulé de la paroisse.

Partie instrumentale classée monument historique le 27 février 1980, Buffet inscrit à l'Inventaire Supplémentaire le 29 septembre 1976 L'orgue est sûrement un instrument exceptionnel, mais son potentiel est encore un peu caché, à l'image de son beau buffet (en chêne, bien sûr, il est de Stiehr...) qui a malheureusement été repeint en 1960 pour s'accorder au mobilier neuf commandé à l'époque. Il a des tourelles rondes "à la française".
En 1917, la façade fut réquisitionnée, et en 1944, comme en de nombreux endroits, ce sont des tuyaux intérieurs qui disparurent.
En 1938, Georges SCHWENKEDEL effectua les modifications suivantes :
- Au Positif, remplacement du Dessus de Flûte traversière 8' par un Nasard et de la Gambe 4' par un Prestant (à moins que cette dernière modification ne soit plus tardive). Remplacement du Basson/Hautbois.
- Au Grand-orgue, remplacement d'un Gemshorn 8' par une Tierce. (Dans les deux cas, les étiquettes d'origine sont restées).
- Reprise entière de l'harmonisation (entailles et pieds des tuyaux refermés) Cette dernière modification, ainsi que les effets du chauffage "à air pulsé" font que l'orgue aurait besoin d'un bon relevage pour redevenir un vrai Stiehr.
- Le terme "Jeu céleste" pour "Voix céleste" est inspiré de Callinet. Callinet appelle ainsi le Salicional du Récit.
- La Composition est à comparer à celle de Bischoffsheim.
Mécanique : Suspendue, Equerres au Positif et à la Pédale. Le tout est entièrement d'origine, jusqu'aux étiquettes. Sommiers à Gravures, d'origine.
Il y a un Tremblant doux.
Sources : P. Meyer-Siat "Stiehr-Mockers", AEA XX (1972-73)